Maître RinzaiLinji Yixuan (?–866), disciple de Obaku. arriva chez Fong-lin qui lui demanda : « J’aurais une question à vous poser. Le puis-je ? » Le maître dit : « Faire une plaie en incisant la chair[1] ! Cela se peut-il ? »
Fong-lin dit :
La Lune dans la mer apparait sans une ombre ;
Seuls les poissons s’égarent eux-mêmes.
RinzaiLinji Yixuan (?–866), disciple de Obaku. répondit :
Dès lors que sur la mer, la Lune exclut tout ombre,
Comment donc les poissons pourraient-il s’égarer ?
Fong-lin :
À voir le vent, on croit savoir que des vagues vont se lever :
Rien qu’une voile au gré de l’eau qui joue dans la campagne.
RinzaiLinji Yixuan (?–866), disciple de Obaku. :
Solitaire, le disque luit. Fleuves et monts sont apaisés ;
Mais quelqu’un éclate de rire, et l’univers tressaille !
Fong-lin :
Je veux bien que ta langue éclaire l’univers ;
Mais dis-moi donc, pour voir, un vers de circonstance !
Le maître :
C’est lorsqu’on rencontre un spadassin qu’on présente l’épée ;
À qui n’est pas poète, offre-t-on un poème ?
Fong-lin en resta là. Le maître fit là-dessus cette stance :
La grande Voie est sans orientation ;
On peut s’y orienter ou vers l’Ouest ou vers l’Est.
La flamme de la pierre à feu n’est pas plus prompte,
La lueur de l’éclair, pas plus insaisissable.
C’est-à-dire provoquer une nouvelle blessure en pensant en soigner une.
Compilation
Rinzai rokuRinzai roku (Les entretiens de Maître Rinzai). : 85
Sources
- Paul Demiéville, Les entretiens de Lin-Tsi, 1972, ISBN 978-2-213-00497-6.
- The Record of Linji, traduit par Ruth Fuller Sasaki, University of Hawaii Press, Honolulu, 2008, ISBN 978-0-8248-3319-0.