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« La grande Voie est sans orientation. » (Rinzai Gigen)

Maître Rinzai arriva chez Fong-lin qui lui demanda : « J’aurais une question à vous poser. Le puis-je ? » Le maître dit : « Faire une plaie en incisant la chair[1] ! Cela se peut-il ? »

Fong-lin dit :

La Lune dans la mer apparait sans une ombre ; Seuls les poissons s’égarent eux-mêmes.

Rinzai répondit :

Dès lors que sur la mer, la Lune exclut tout ombre, Comment donc les poissons pourraient-il s’égarer ?

Fong-lin :

À voir le vent, on croit savoir que des vagues vont se lever : Rien qu’une voile au gré de l’eau qui joue dans la campagne.

Rinzai :

Solitaire, le disque luit. Fleuves et monts sont apaisés ; Mais quelqu’un éclate de rire, et l’univers tressaille !

Fong-lin :

Je veux bien que ta langue éclaire l’univers ; Mais dis-moi donc, pour voir, un vers de circonstance !

Le maître :

C’est lorsqu’on rencontre un spadassin qu’on présente l’épée ; À qui n’est pas poète, offre-t-on un poème ?

Fong-lin en resta là. Le maître fit là-dessus cette stance :

La grande Voie est sans orientation ; On peut s’y orienter ou vers l’Ouest ou vers l’Est. La flamme de la pierre à feu n’est pas plus prompte, La lueur de l’éclair, pas plus insaisissable.


Compilation

Rinzai roku : 85

Sources

  • Paul Demiéville, Les entretiens de Lin-Tsi, 1972, ISBN 978-2-213-00497-6.
  • The Record of Linji, traduit par Ruth Fuller Sasaki, University of Hawaii Press, Honolulu, 2008, ISBN 978-0-8248-3319-0.