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Hekiganroku

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  • Le Recueil de la falaise bleue

Le Recueil de la falaise bleue est un des plus anciens recueils de kōan de la littérature chán.

Il est issu d’une première compilation de cent kōan, le Songgu baizi, établie au début du XIᵉ siècle par Setchō Jūken, maître chán de l’école yunmen. Il fut ensuite repris par Engo Kokugon, qui y ajouta des remarques, annotations et explications.

Les manuscrits furent brûlés sur ordre d’un successeur de Engo pour faire cesser, dit-on, les incessants débats intellectuels de ses disciples sur ces kōan. Le texte fut presque entièrement reconstitué au début du XIVᵉ siècle par un laïc du nom de Zhang Mingyuan.

Composition

Chaque « cas » est précédé d’une note préliminaire d’Engo Kokugon. Voici par exemple l’introduction du kōan Le chat de Nansen :

« Le parfait maître zen, tranquillement recueilli en lui-même, affirme la vérité totale et l’atteste à chaque détour ; marchant à travers les courants qui croisent sa route, il est maître des circonstances et perçoit directement l’identité des choses. […] Quand il se saisit de la tête du tigre, il ne laisse pas la queue lui échapper des mains. […] Voici un cas soumis à notre considération. »

Le cas est présenté, interpolé de remarques critiques (d’Engo Kokugon, mais aussi de disciples anonymes) :

« Un jour, les moines des salles est et ouest discutaient à propos d’un chat. » (Ils ne sont pas bruyants seulement aujourd’hui, mais ils interprètent aussi une scène de dégoulinade.) Hakuin ajoute : « Dans le monastère de Nansen des désœuvrés discutaient de toutes sortes de manière à propos de la question : “Quelle est l’essence de Bouddha ?” » Ryokei : « Les mendiants de deux parties discutent à propos de bols de riz. »

« Nansen le vit et il finit par soulever le chat. “Si vous pouvez dire un mot, dit-il, je ne le pourfendrai pas.” » – La loi authentique doit être appliquée. – Trancher les dix directions. – Ce vieux a la capacité de distinguer le dragon du serpent.

« Personne ne put répondre. » – Comme il est regrettable qu’ils aient laissé passer une bonne occasion ! – Cette troupe de moines obscurcis est comme des seaux de laque. Sont-ils capables de faire quelque chose ? – Les bonzes défectueux sont nombreux comme les graines de chanvre et de millet.

« Nansen pourfendit le chat. » – Magnifique ! Magnifique ! – Si Nansen ne pouvait pas se comporter ainsi, ces moines seraient tous du style à jouer avec une boule de boue. – On tend son arc, mais le bandit est déjà passé. – Cet acte est déjà secondaire. – Il aurait mieux valu donner un coup avant de soulever le chat.

« Nansen raconta l’histoire précédente à Jōshū. » – Pourvu qu’on ait la même pensée et la même volonté, on arrive. – Des compagnons sur le même chemin peuvent le savoir.

« Alors, Jōshū quitta sa sandale en paille et la plaçant sur sa tête, il sortit. » – Inévitablement la boue et l’eau éclaboussent Jōshū.

« Nansen dit : “Si tu avais été là, tu aurais pu sauver le chat.” » – Le chœur et le percussionniste sont en totale harmonie. – Les sympathisants de cœur sont rares. – Jōshū a commis une erreur. Nansen aussi.

Cet énoncé est suivi d’un exposé commenté du cas. Suit l’appréciation ou la critique poétique de Setchō Jūken, où s’intercalent encore des remarques d’Engo Kokugon. Par exemple, le cas 55 « Mort ou vivant ? » :

« Le lièvre et le cheval ont des cornes ; » – Coupez-les ! – C’est remarquable ! – Réconfortant !

« La vache et le bélier n’ont pas de cornes. » – Coupez-les ! – Les autres peuvent s’y laisser prendre, mais pas moi.

« Pas un grain de poussière, pas une particule ! – Ciel au-dessus, terre en dessous, moi seul suis le Révéré ! – Où voulez-vous mener vos tâtonnements ?

[…] Avec un seul soulier, Bodaidaruma s’en est allé vers l’ouest ; où est donc >sa trace maintenant ? – Quand les pères laissent des choses inachevées, leurs descendants souffrent >des conséquences. – En donnant un coup, il faut dire : pourquoi est-ce ici maintenant ?

Le tout est conclu par un commentaire du poème par Engo Kokugon.

Le mot « cas » qui désigne chaque exemple est une traduction approximative du chinois tse, mot qui signifie « type », « terme », « clause » dans une énumération. On le traduit parfois par kōan ou encore « règle ». Beaucoup de maîtres rinzai ont ajouté leurs commentaires, en particulier Ryokei et Hakuin aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles.

Kōan


Sources

  • Thomas Cleary, J. C. Cleary, The Blue Cliff Record, Boston, 2005, ISBN 978-1-59030-232-3.
  • Katsuki Sekida, Two Zen Classics: The Gateless Gate and The Blue Cliff Records, Boston, Mass., 2005, ISBN 978-1-59030-282-8.
  • Thomas Cleary, Secrets of the Blue Cliff Record: Zen Comments by Hakuin and Tenkei, 2001, ISBN 1-57062-738-X.
  • The Blue Cliff Records, the Hekigan Roku: Containing One Hundred Stories of Zen Masters of Ancient China, traduit par Michael Joseph, M. Joseph, 1961.